vendredi 14 février 2014



    La Page de Pascal 
        


          





                          La Transat,

Nous sommes donc partis de Mindelo au Cap Vert le jour de l'anniversaire de Yoan, 29 Décembre de concert avec le « Robin Home » rencontré plusieurs fois depuis le Portugal. La météo nous annonçait des vents portants de 15 à 20 nœuds. Dès la sortie du port, des alizés musclés de 35 nœuds nous attendaient, accompagnés d’une mer forte et désordonnée. Le temps idéal pour  « bouffer du mille » bien que peu confortable.
-Allé Titouan, tu hisses la grand-voile ?
A mi- course :
- Elle ne veut pas, c'est trop dur !
-Ah oui, les cochons seraient d'excellents marins si leurs oreilles ne leur cachaient pas la vue...
        Mais quoi ? Ça veut dire quoi encore ton expression con ?
        Ça veut te dire de  regarder ce que tu fais, une latte de ta GV s'est coincée dans le leasy Jack... et ton oncle Robert n'est pas que con....Hi, hi,hi !
Les gars sont en forme et  bien que la mer soit croisée, ils ne sont absolument pas malades.
Deux jours tout juste après, alors que nous regardions un dvd à l'intérieur, le bateau part de plus en plus vite en lofant. En sortant, j'entends à peine l'alarme de décrochage du pilote qui est couverte par le bruit de l'éolienne, par contre je l’entends déraper et devine immédiatement de quel mal il s'agit et les conséquences  en découlant pour l'avoir déjà vécu en traversée. Cependant j'ai un pilote entier de rechange et suis juste un peu contrarié de devoir attendre le jour pour réparer. Nous mettons à la cape courante pour le restant de nuit. Le lendemain, je m'y attèle à la première heure et découvre ce à quoi je m'attendais. Mais un pilote entier disais-je ? Oui, excepté précisément le vérin hydraulique que j'ai oublié en Bretagne. Grrrr !!! Mais comment ai-je pu être aussi CON ??? Je m'en veux, je rage à gueule ouverte et dégonfle en voyant les gars tout tranquille. Bah me dis-je, tant mieux pour le moment mais ils ne se rendent pas compte que même si je barre 12h/jours nous mettrons ….deux fois plus de temps. Je leur explique sans détour et nous cherchons ensemble une autre destination devant la carte. Titouan remarque et se réjouit de constater que les îles Fernando sont les plus proches terres, au large du Brésil, car il sait que l'on y trouve une race de dauphins qui tournoient sur eux-mêmes à la verticale en sautant hors de l'eau.
        J'aimerai bien mon Titou, on gagne effectivement environ une semaine de navigation mais les visas y sont ultra chers, je suis quasiment certain que l'on n'aura pas les pièces pour réparer et cela allongera considérablement notre route pour les Antilles.
        La Guyane papa dit Yoan, c'est entre les deux, c'est Français, et puis nous on peut barrer aussi !
        C'est bien sympa mais regarde la mer qui est de plus en plus forte, vous ne pourrez jamais tenir la barre.
        Ben on l'a bien fait quand tu démontais Robert. (Robert est le nom que j'avais attribué au pilote en souvenir des navigations avec  mon frère de 19 ans mon aîné, qui vit aujourd'hui à Madagascar et qui était perpétuellement à la barre puisque posséder un pilote, dans son esprit, était un non-sens.)
        Oui, tu as raison mon Yoan, en fait, avec trois ris dans la GV il y a moins de risque d'empannage et je vais installer une retenue de bôme ; ok, on fait un essai sur 24h et on en reparle demain, il ne nous reste que 1800 Milles (3300 km) à parcourir pour nous décider après tout.
      -Nous terminons pas très bien l'année mes gars mais le beau est devant nous.

Le lendemain 1er Janvier, après avoir dégusté le foie gras, et la plupart des gentilles attentions offertes par nos amis avant le départ,  nous tentons en vain de communiquer avec le Robin home pour lui annoncer que nous changeons de programme et décidons de rejoindre la Guyane. Mon humeur est faussement fataliste presque enjouée car je tenais arriver en Martinique la 3eme semaine de Janvier.


Un autre voilier reçois nos tentatives de contact par voie phonique et se propose de faire le relais de notre message puis nous propose de joindre quelqu'un à terre pour prévenir de notre retard car ils ont un téléphone satellitaire. Pourquoi pas ? Bien que je surestime volontairement toujours nos temps de navigation pour ne pas inquiéter certains et préparer psychologiquement mes gaillards aux vertus de la patience, il n'en reste pas moins que nous sommes certains de dépasser franchement la durée de la traversée que j'avais estimée en réalité à une douzaine de jours.

Dés les premières heures de barre, les gars m'impressionnent franchement. C'est avec bonne humeur et une attention  constante qu'ils prennent leur quart. J'ai réduit un peu la toile et leur donne un cap plus éloigné de 15°de l'empannage que je récupère lorsque c'est mon tour.
Nous mettons à la cape pour la seconde nuit, nous avons parcouru 101 milles seulement les dernières 24 heures dont 3milles de dérive contre 168 milles la veille. Je vais tenter d'autres réglages de cape courante...
2eme jour sans pilote : 108 mille dont 7 à la cape, c'est mieux.
3eme jour et 3 janvier, anniversaire de Titouan qui gagne quelques bouquins, une canne à pêche chinoise et une voiture télécommandée qui patine pour remonter à la gite et glisse sans pouvoir s'arrêter dans les mouvements inverses. C'est aussi 121milles parcourus dont 10 à la cape, on peaufine d'autant que les gars barrent de mieux en mieux.
Dorénavant, je ne leur laisse que 5 à 10° d'écart de route, remets de la toile et nous arrivons à 126 milles dont 12 à la cape ! Et si on rejoignait finalement la Barbade, la plus proche des îles Antillaises ?
Allez, voté à l'unanimité !
Le 6eme jour de mer, nous avons un bon rythme de croisière pour handicapés, les gars chantent, sifflent et font quelques révisions scolaires sur les mots invariables, tables de multiplications, règles grammaticales...et ne s'ennuient pas du tout car ils profitent pleinement de leur temps de pause. Titouan a gréé un plomb de pêche démontable sur le coffre de sa voiture de piste ce qui la rend utilisable jusqu'à 30 nœuds
A présent, je les entends chahuter dans la cabine d'amis, je les laisse faire, ravis de les sentir si bien. Je les vois évoluer aussi facilement qu'à terre comme s'ils étaient nés à bord. Assis à la barre je ne les vois pas, ils me disent qu'ils jouent maintenant aux cannibales, Titouan va manger Yoan qui s'enfuit, fait 3 fois le tour du carré en courant. Malheureusement, sans se douter qu'il va passer si vite à la casserole...c'est l'accident domestique, la mer est toujours forte, le temps très couvert et une bonne déferlante nous rattrape inclinant fortement le bateau d'un coup. Yoan traverse le carré et vient heurter la gazinière où de l'eau qui y boue se renverse sur son dos. Titouan m'appelle en venant directement prendre la barre.
Aïï !, 2 minutes pour prendre le nécessaire dans la pharmacie suffiront à laisser apparaître de nombreuses cloques de 6cm2 pour certaines sur la presque totalité de la surface de son dos. Tulle gras, scalpel ...pas moins d'une heure de soins puis désinfection qui le fait beaucoup souffrir.
Son courage est exemplaire, à raison de 4 soins par jour il ne voudra nous laisser, à son frère et à moi, que deux tours de barre.
8eme jour de mer, Yoan va mieux, il barre même avec les pieds afin d'éviter de se pencher et tirer sa  peau. C'est aussi enfin la fin de ce temps vaginal.
        Ca veut dire quoi un temps badinal papa ?
        Euh rien, laisse le dico Titouan, c'est une vieille expression qui n'existe plus pour dire que le temps est chaud et humide.... Oups !
Le 10eme jour de mer marque la moitié de la traversée. Nous sommes au beau milieu de l'Atlantique, nous immortalisons cette date en vidéo en compagnie de la bouteille de champagne offerte par mon cousin J.Marie. C'est aussi la première lampée d'alcool des gars de leur vie.
A présent, il nous reste tout juste moins de 1000 milles à parcourir, le compte à rebours commence donc ce qui amène à bord une note encore supérieure à notre optimisme.
11eme jour, les gars ont confectionné une bouteille à jeter à la mer dans laquelle ils glissent un message en Français, Anglais, Espagnol ainsi que quelques bonbons, une photo d'identité chacun et une mini peluche de chien.
Après un adieu de circonstance, la bouteille est jetée à la mer, lestée par un petit plomb amarré à la poignée afin que « le cul » orné d'un pavillon de sécurité routière reste au-dessus des flots, bien visible.
12eme jour : Depuis deux jours maintenant, le soleil est continuellement éclatant, le vent plus régulier, moins fort et la mer s'est allongée. C'est enfin un temps de traversée allée ! De plus l'habitude et l'instinct ont remplacé la concentration. Les gars regardent de moins en moins le compas et barrent de plus en plus instinctivement au vent et à la mer qui nous vient pourtant des trois quarts arrières. Je les observe sans mot dire stupéfait de leurs capacités, remplie de fierté aussi humaine que puérile et orgueilleuse. Mais quand même, ils assurent grave mes gaillards !
Je les surprends même à plusieurs reprises, à remonter une ligne de pêche ou faire autre chose en lâchant la barre un très court instant pour la reprendre immédiatement après sans regarder le compas. Une fois même, ils arriveront à faire une partie de petits chevaux, Titouan déplaçant les pions sur les ordres de Yoan à la barre, même un peu plus à son avantage très vite repéré par son frère !
A ces moments, ils me font penser a un aveugle qui utilise à 100% ses autres sens pour palier à son handicap. En partant en voilier, je me disais que la mer serai pour eux une mère qui leur demanderai beaucoup mais leur donnerai par la même occasion l'opportunité de découvrir toutes les ressources physiques et mentales que nous possédons chacun sans nous en douter. Ces ressources qui donnent également confiance en soi, leur attribueront j'en suis certain, une force que l'on ne peut gagner à terre où l'on peut toujours rencontrer une aide, un secours ou une excuse. Ils comprendront vite que ce n'est pas la  mer que l'on va chercher à contrôler mais soi-même, contraint par cet élément indéfini et non influençable face à nos possibles angoisses, les comprendre et les vaincre, lutter contre la fatigue sans pouvoir s'arrêter à la prochaine aire de repos, et accepter, sans jamais se résigner ni abandonner. La mer pourra leur apprendre à gagner avec en prime le goût de l'effort.

        Eh papa, t'en as pas marre de regarder cette roulette de pilote ?
        Non
        Tu cherches une idée pour réparer ?
        Oui
        Tu y crois encore que tu arriveras ?
        Je ne sais pas, ….. en fait je ne crois pas.
        C'est sûr que non, tu as déjà essayé trois fois.
        Non, c'est pas sûr
        Ben pourquoi ?
        Parce que je n'ai pas encore essayé une quatrième fois, ni une cinquième, en fait il n'y a qu'à l'arrivée que je pourrai dire que je n'ai pas réussi, tu comprends ?
        Ouais, tu lâches jamais toi, c'est pour ça qu'on vit avec toi.
        Ah ben celle-là je ne m'y attendais pas alors ! Ta comparaison me surprend mais il y a sûrement du vrai mon Titou, je peux prendre ça comme un compliment ?

Pour toute réponse, il se rapproche de moi, me sourit, m'enlace et m'embrasse !

Je me dis souvent dans ce genre de moments, d'instants, que je suis le plus heureux des papas !

13 et 14eme jours de mer, trop d'habitude, la mer nous rappelle à l'ordre, nous empannons trois fois, une fois chacun, la bôme au centre. La caisse à outil est de sortie pour réparer provisoirement.
Qui veut aller loin ménage sa monture les gars, il faut qu'on se reprenne, ce serai bête de casser gravement et de ralentir encore notre progression.
Peu de temps après, une bonne déferlante, bien plus puissante que les autres nous rattrape, inonde le cockpit avec Titouan et Yoan qui n'a pas pour autant lâché la barre, pour terminer sa course jusque dans le carré.
Ils n'ont pas eu le temps d'avoir peur mais ils comprennent mieux pourquoi j'insiste tant à les voir toujours en brassière et harnais dans certaines conditions météo.
 Nous arrivons le 16eme jour avec l'aurore à la Barbade où nous trouvons Mathieu (skipper des célèbres Pen Duick que j'ai connu en France) et Séverine sa compagne qui nous invite au petit dej.

Puis les gars entament une partie de pêche tandis que je range un peu notre fier navire et prépare la clearance d'entrée.
-Papa, je me suis planté un hameçon sans faire exprès me dit Yoan
-Je me doute que tu n'as pas fait exprès, c'est vraiment une phrase débile que tu me fais là...
        Je voulais dire que je ne m'en suis pas rendu compte.
        Pff, allez ranger un peu votre cabine, si les douanes viennent à bord ils vont se demander s'ils contrôlent un bateau ou s'ils visitent un zoo...

Nous passons à table vers midi lorsque tout est clair.
        Yoan, tu es assis sur un fil de pêche, après tu vas encore me dire...
        Justement, ça fait 2 heures que je te dis que j'ai un ham...
        Ah non ! Dis-moi que c'est pas vrai !!! Ah non, merde, fais voir, mais tu fais exprès ou quoi ?
        Mais non, ce serais débile...
        Arrête ! Tais-toi, tais-toi, tais-toi , surtout TAIS TOI !! Si tu crois qu'on va perdre la journée aux urgences... dans la cuisse ça doit aller, Titouan va me chercher la pince rouge stp.
        Dans quelle boite ?
        Pas dans les boites de pharmacie, dans la caisse à outils.

Un trident en plus, enfin c'est fini, on peut enfin se mettre à table. J'accompagne généreusement mon repas de vin rouge en savourant par avance la sieste que je vais m'octroyer.

Finalement nous avons fait une bonne moyenne puisque les bateaux aux alentours ont mis douze jours pour les plus rapide, et 13,5 en moyenne. Sans mes gars, j'aurai mis au moins 21 jours, ce sont vraiment des champions, de sacrés bonhommes ! 
 



                                                             @+ 
  


jeudi 13 février 2014

LA TRAVERSEE DE L'ATLANTIQUE

 Départ avec mer croisée. Photo encore dans le désordre !!
  L'homme tient la barre ...
 Joli surf de Yoan
 La barre prend l'homme !






 Anniverssaire de Titouan



 Aï aï aï, mais ça va déjà mieux


  Et on barre avec les pieds



 Qui dit escale improvisée, dit pavillon de courtoisie confectionné maison









Petit soucis pour vous faire part de nos impressions écrites ! Je les transmets donc à Laurent qui les mettra en ligne dès que possible. En attendant, les photos...

mercredi 5 février 2014

Mini retour sur les travaux effectués à bord au Sénégal suite aux nombreuses questions.
Le bateau n'a pas subit d'avarie, juste le pas d'hélice à régler, le carénage à effectuer, ( la peinture de couleur différente est le résultat de divers pots récupérés antérieurement !)
Le menuisier est venu fabriquer 3 tiroirs, le Mécano graisser les Winchs, le voilier recoudre le spi et fabriquer un leasy-bag, une capote pour le groupe électrogène....



  la navigation Gambie-Cap Vert :
Nous appareillons au moteur par manque de vent en compagnie d'Alice et Théo que nous avons retrouvé à Dakar et que nous emmenons au Cap Vert d'où ils trouveront un bateau pour le Brésil



                         Le vent se lève rapidement et nous tiendrons finalement une moyenne de 7 noeuds.
                  Les devoirs sont toujours d'actualité !
                           L'arrivée sur Mindelo direct au levé du 4eme jour


                           ( dans le désordre) Une pirogue Gambienne de pêcheurs




LE Cap Vert



 

Les retrouvailles avec les copains du "Robin-home", les parents nous paye une journée dans un club, on va dans les trois piscines et le buffet européen est très apprécié de tous !




 Les cadeaux de noël et le sapin décoré à droite.



 Rencontre avec une dame qui nous demande une photo et qui aura du mal à croire que c'est bien elle en se voyant à l'écran de l'appareil. A t'elle un miroir chez elle ?    
Crêpe flambée pour Yoan à l'occasion de la soirée de Noël au resto avec les autres équipages


 Partie de foot partagée avec des jeunes Capverdiens


 C'est l' arrivée au Cap vert !