Retour sur la fin du séjour Portugais et début du périple Marocain !
Le vent commence à tourner sans conviction le 3 octobre. Nous
orientons donc notre étrave vers notre destinée après un dernier repas
communautaire Français. Direction Lisbonne à 1 heure de là afin de visiter
enfin le musée de la marine et la capitale. Nous n'avons que l'embarras du
choix pour nous y rendre car cette ligne est desservie par le train, métro, bus
et tram. Ce musée est assez ludique car très fournit en maquettes de navires de
toutes époques et ou la précision de chaque détails retient notre attention et
force notre admiration. Seules les cabines royales sont représentées à
l'échelle 1.
Nous revenons par le tram. Le temps est toujours entrecoupé
de grains ne rafraîchissant pas pour autant l'air, le wagon chargé de voyageurs
comme de buée ne nous aide pas à reconnaître notre chemin. A un arrêt, les
portes s'ouvrent sur ce qui me semble être notre station, nous nous faufilons
parmi les passagers et débarquons enfin sauf....Yoan devant qui la porte se
referme sans prévenir ! Tandis que le tram repart, je lui fais signe à
travers le carreau de nous attendre à la prochaine, il acquiesce de la tête,
visiblement tranquille. Beaucoup plus calme que les autres voyageurs qui s’époumonent
en cœur pour alerter le chauffeur qui s'empresse de s' arrêter à nouveau 100m
plus loin.
En descendant, Yoan me dira simplement que de toute façon
nous étions descendus trop tôt, et qu'il aurait bien rigolé en nous attendant
alors que nous aurions du marcher ! Titouan lui, n'a pas dit un mot durant
10mn, marchant la tête basse et ne lâchant pas ma main de la sienne avant de
murmurer enfin : « j'aurai eu peur je crois, moi ! Oh mon Titou,
comme je te comprends ! Nous finissons tous trois par un éclat de rire...
Le lendemain se lève vivement, propulsé par un soleil
insolent, fort de sa longue sieste, de toute évidence ravis de sa bonne blague,
écrasant le vent de sorte qu'il nous fait craindre la pétole. Nous appareillons
sans attendre, croisons le sister ship du queen Mary qui salue Lisbonne au pied
de son pont à coups de corne de brume non moins impressionnants, avant de
rejoindre l'Estuaire en repassant par Cascais pour faire le plein de Gas-oil.
Cela fait un petit moment que nous n'avons pas navigué et le Tage nous le
rappelle à mi chemin en dressant contre nous une mer courte et croisée par un
fort courant qui se charge en 1mn d’inonder les deux cabines avant des gars
dont nous n'avions pas verrouillé les hublots. Nous passerons donc la nuit à
Cascais pour rincer matelas, draps et le contenu entier du Zoo de Yoan.
Une mauvaise surprise en cache une excellente puisque nous
retrouvons Marcel, Gildas et leurs épouses qui nous invitent à dîner ! Ma
mauvaise humeur passe très vite, laissant place aux rires que provoque l'humour
fin, insidieusement gentil et très agréable de Marcel, également mon second
prof d'informatique, depuis que je m'éloigne de Laurent . Gaby et savourent le fait de voir leurs hommes à la
cuisine, et s'expriment d'ailleurs davantage sur l’événement qu'elles jugent
trop rare que sur la qualité des mets servis, ce qui ne manque pas d'ajouter du
piment à cette sauce de bonne humeur et convivialité !!
Allez, après une nuit un peu roulante provoquée par la houle
résiduelle du mauvais temps, nous reprenons le large vendredi 4 Octobre à 15h
en direction de l'Afrique que nous atteindrons par le Maroc à Safi le lundi 7 à
17h45. Les risées diesel nous ont généreusement poussé car 30 heures de moteur
auront été nécessaires....
Vous êtes vous déjà imaginé comment l'on passe son temps en
mer sachant que les gaillards ne sont plus malade ?
Commençons par le matin et voyons un peu ce que je pense
qu'ils supputent et me disent parfois à demie mot ; vous savez, ces mots
qui se veulent discrets qu'utilisent parfois notre très chère progéniture pour
nous remettre dans le droit chemin.
Tout d'abord, lorsque nous nous réveillons, papa a hâte de
dormir 1h ou 1,5heures sans interruption. Ça tombe bien pour lui parce que
généralement, nous, on se lève tôt. Le petit déjeuné se prend sans
précipitation tandis qu'il met nos lignes de pêche à l'eau. En plus, on n'a pas
le droit de le faire seuls car il a peur de devoir couper un hameçon neuf pour
libérer un doigt qui se serai prit dedans qu'il dit !
Enfin, notre réaction est vive, en 2mn nous sommes habillés
et prêts à saisir du GROS. Papa en profite pour aller se coucher après avoir
donner ses ordres qui se résument en substance à lui foutre la paix...
On est sur qu'il se
dit : « pourvu que rien ne morde à l'hameçon parce que si ça arrive,
on a tendance à oublier qu'il dort et comme on est surpris et content, on hurle
de joie, d’excitation, et sautons à pieds joints au dessus de sa cabine en
l’appelant à l'aide pour remonter notre thon d'au moins 3m pour 180 KG !! »
Ben oui et, malheureusement le temps que papa immerge des
abîmes, la ligne se rompt entre ses mains.
STOP, je reprend la parole ; je vois effectivement un important animal se débattre
tandis qu'une horde de Goélands arrivés de je ne sais où attaque sans pitié ni
merci la victime pourtant encore bien vigoureuse.
Ce réveil brutal et inutile n'en reste pas moins animé
puisqu'il est immédiatement suivit de recherche de responsabilité de cette
perte qui ne serait pas plus vitale s'il s'agissait de celle de naufragés
n'ayant pas mangé depuis 15 jours...
Le pire est que je suis à peine plus réveillé, et, plutôt que
de mettre un terme à ce qui devient une dispute, je me prépare mon troisième
petit déjeuné de la nuit avant de disparaître encore une demie heure dormir
!
09h15 environ, je débarque à nouveau sur le pont pour
proposer de faire un peu de devoirs car la mer est belle. Mais ce n'est pas du
tout ce qui était convenu au départ ! Et là, presque instantanément, des
maux prennent la tête de Yoan et le ventre de Titouan. C'est vraiment pas de bol, quand on pense
qu'au programme de ce jour il s'agit du rendement et des exportations agricoles
de la France pour Yoan et du coût annuel d'un élève en école primaire
concernant Titouan, mince, ce devrait être super motivant ! Enfin je tente
une lecture de ma voie qui se veut trépidante et théâtrale mais rien n'y fait,
une demie heure plus tard, l'un pleurniche, l'autre s'est endormit d'un sommeil
presque égale à celle d'un député présent à l'assemblée.
J'abandonne ( temporairement) et fuis dans mes bricolages qui
auraient du être fait avant le départ.
Gling gling, 11h00, l'appel de la gamelle réveille
l'équipage. A ces moments, il faut réagir vite. Si nos grands mères disaient
que c'est une bonne maladie, si vous laissez passez le remorqueur, la mer
prendra le navire....Ok, un encas pour démarrer en attendant plus consistant à
12h30.
Puis : « Papa, je m’ennuie » = trois parties
de petits chevaux dans laquelle on retrouve le caractère de chacun amplifié,
qu'il soit chanceux, gentil ou malin et à chaque nouvelle partie, sans
concertation, chacun tente la stratégie de l'autre à son tour !
15h00 1er goûter puis : « Papa je
m’ennuie ! » ça vous dit de faire de la balançoire en bout de tangon
au dessus de l'eau et en dehors du bateau ?
- Oh oui !
-Et m...
17h00 2eme goûter puis « Papa je m’ennuie, c'est quand
qu'on arrive ? »
-Et bien mon cher fils, T=D divisé par V.
- ????!!??
- Ok, je te l'écris : T est le temps que l'on va
mettre avant d'arriver mais que l'on ne connaît pas encore n'est ce pas ;
D est la distance qu'il nous reste à parcourir, soit 70 milles et V la vitesse
qui est actuellement de 5 nœuds( moteur) . Maintenant démerde toi et FAIS PLUS
CHIER LE MARIN comme on dit ! Oh, c'est dingue, ils ne se rendent
pas compte ! Sur ce je retourne à la niche faire une autre sieste.
5 min plus tard : « Papa, j'ai trouvé » dit
Titouan.
Mais c'est pas vrai, depuis quand il calcule si vite
lui ?
- Ah ? T'es sûr mon cœur ?
- Ben ça fait 645
–
Ouais, ben il ne te manque plus que l'unité on
dirait, C'est quoi 645 ? Des mois, des jours, ça fait pas un peu beaucoup
si se sont des heures ?
Pas de réponse, je m'endort juste quand je sursaute à
l'exclamation :
- Des heures mais
c'est 06h45 !
Nous arriverons à 07h00, certifié conforme au journal de
bord !
Pascal
Et bientôt
L'arrivée au Maroc avec des photos exceptionnelles
et de nouvelles aventures !
Merci à tous de vos mots sur mon mail perso que je découvre
aujourd'hui. Il semble qu'il est difficile d'écrire un commentaire sur le blog
pour la majorité d'entre vous. Laurent, peux tu donner des tuyaux à nos fidèles
lecteurs ?
J'ai déverrouillé le gadget " commentaire"sauf compte Google ou ad Gmail, choisissez Anonyme et suivre la procédure ...
Amicalement Laurent