jeudi 5 juin 2014

Usages et coutumes cubains

Usages et coutumes à Cuba :

Pour éviter d'avoir à expliquer à chaque anecdote des prochains récits le pourquoi de telle ou telle réaction de notre part ou celle d'un cubain, j'ai pensé vous faire part dans un premier temps des usages et coutumes de ce fabuleux pays, tellement différent de ce que nous avons pu rencontrer jusqu'alors. Vous remarquerez que nous avons parfois triché ou flirté avec les lois locales.
Le but n'était pas de braver l'interdit mais se donner les moyens de vivre le plus proche possible des Cubains, apprendre à les connaître, partager un maximum de choses et émotions à leurs cotés.
Je souhaite préciser que dans ces cas, j'ai toujours gardé à l'esprit que nos agissements ne puissent en aucun cas porter préjudice à quelqu'un, au présent comme au futur après notre départ.

Monnaies, revenus :

Il existe deux monnaies, le peso Cubain et le CUC. Le premier est destiné aux cubains bien que les étrangers puissent en changer en petite quantité pour s'acheter une glace, du pain....Les prix sont alors aussi bas que le revenu des Cubains. Le salaire moyen équivaut à 10€/mois donc les produits plus qu'abordables pour nous. Le seul hic est que vous ne trouvez pas grand chose en général et, pour la nourriture, juste l'essentiel. Les personnes travaillant dans le tourisme ont un statut particulier car ils doivent être irréprochables en terme de corruption, adroit pour répondre aux questions en utilisant uniquement les réponses que le parti leur a dictées, emmener les touristes dans les lieux préparés à cet effet et surtout pas ailleurs. Croire en son pays et au comunisme en sachant en vanter tous les mérites, pratiquer couramment trois langues étrangères et surtout ne pas aimer / souhaiter voyager. Ces priviligiés, triés sur le volet, gagnent alors jusqu'à 20 € /mois.
Le cuc, créé pour l'étranger, est utilisé en ville dans la majorité des commerces. Les prix affichés sont alors équivalents voir plus chers que ceux que l'on trouve dans une station balnéaire Française. Vous pouvez y trouver presque tout. Les cubains ont le droit d'y aller, il leur faudra juste un mois de salaire pour acheter 4 litres de lait ou trois ampoules électriques... Nous en verrons tout de même beaucoup à Holguin et proportionnellement moins à Santiago ; ces gens profitent des pourboires des touristes ou d'un parent expatrié aux Etats Unis qui leur envoie régulièrement des mandats .


Interdits ou protections ?

Rien est interdit à Cuba sachez le ! Certaines mesures sont parfois prises aux seules fins de protéger la population comme le touriste. Comme partout dans le monde, me dira un jour une employée de la marina : « par exemple le port de la ceinture de sécurité en voiture dans vos pays. Nous sommes un pays libre, c'est la propagande des Etats Unis qui veut vous faire croire le contraire ! »
Quelques exemples que nous avons constaté :
L'accès internet est autorisé aux Cubains dans des cyber cafés de l'état. Vous pourrez ouvrir n'importe quelle page web qui ne parle pas de politique, religion autres que celles présentes dans le pays et rien qui puissent venir des States. Autrement dit rien d'autre que le culturel et le tout à 6 €/heure.
Pas de messagerie électronique, les quelques-uns qui en ont une l'ont obtenue par l'intermédiaire d'un touriste et peuvent la consulter de la même manière dans les hotels.
Le téléphone public dans la rue est gratuit et limité à la même ville. Les communications à l'étranger sont facturées à prix fort et ne fonctionnent pas souvent.
Les transports sont également bien encadrés. Ainsi les bus bleus sont réservés aux touristes au prix étranger. Ces derniers doivent être refoulés s'ils tentent de prendre les transports locaux.
Oui, mais vous verrez que lorsque l'on a un fils au look cubain qui s'appelle Titouan, un Yoan qui a quand il le faut sa casquette sur les yeux, pas une seule fois nous n'avons voyagé à l'intérieur du pays comme nous aurions dû, hi, hi, hi !


Coût moyen d'un séjour à Cuba :

Le guide michelin suggère un budget minimum de 60€/jour/personne sans compter les transports et un minimum de 25€ pour un logement chez l'habitant. Nous en dépenserons 30 à trois, tout compris excepté les frais de port du bateau et l'avitaillement pour repartir en mer.
Pour se faire il nous fallait plus de pesos qu'autorisé, nous avons fait plusieurs banques.
Et si on veut des denrées alimentaires du peuple ? On envoie un ami cubain à qui l'on offre une boite d'oeufs pour le service rendu.
Le logement est négocié facilement compte tenu des très nombreuses offres. Inviter un touriste à dormir n'est pas autorisé. Les chambres chez l'habitant sont très controlées.
D'une façon générale, on voit régulièrement des check pont de contrôle sur la route, et il existe aussi beaucoup de police en civil ; de bonnes notes sont attribuées aux délateurs...Dans ce schéma, chacun se méfie de son prochain et se tient à carreau. Les exeptions sont rares.

Aides gouvernementales :

Les Cubains, qu'ils travaillent ou non, bénéficient de la santé gratuite et le minimum vital en nourriture sous forme de tickets de rationnements distribués et conçus en fonction de l'âge et du sexe de chaque individu ainsi qu'un plus si un médecin le mentionne. Ils peuvent acheter eux-mêmes en plus des tickets dans ces magasins du peuple tenus par l'Etat.
A titre d'exemple, un adulte bénéficie de 4 Kg de riz, 5 œufs et ...par mois. Plus de lait après l'âge de 7 ans...
Les retraites sont payées en temps et heures, plus ou moins la moitié du salaire de l'actif. 
Ce n'est bien évidemment pas suffisant mais les familles vivent très souvent sous le même toit, certains ont des poules, un cochon, ils troquent. Les fruits se cueillent simplement, bref le cubain se démerde, et bien !
Les militaires et les medecins ont un logement de fonction. Les autres sont propriétaires de leur maison. Pour la construction, là encore, le peuple se débrouille lui-même. Il échange ses services s'il n'a pas les compétences nécessaires, ou les gens s'entraident à tour de rôle. L' état fournit grâcieusement les matériaux de base des murs et toits à raison du nombre de personne devant y habiter.
Alors pourquoi certains ont une belle maison et d'autres un simple abri ? Ils ont revendu du ciment ou autre afin de palier à un autre besoin comme l'anniversaire des 15 ans d'une fille ( très important ) le mariage d'un enfant, une maladie qui nécessite des médicaments uniquement disponibles dans les pharmacies de touriste...


L'éducation,

L'école est obligatoire jusqu'à 18 ans et elle est gratuite.
Pour le primaire, on ne parle pas forcément d'école mais parfois de classe unique, je m'explique :
Le plus petit village disposera d'au moins une classe tous niveaux quelque soit le nombre d'élève, même seulement trois. Naturellement, plus il y a d'élèves plus il y a de classes pour chaque niveau, ce qui vient à former une école.
Pour le secondaire, collèges et lycées ne doivent pas se trouver à plus de dix Km des villages environnants. Les arrêts de bus ne sont jamais distants de plus de deux Km des habitations et le transport en commun est gratuit comme pour les militaires.
Pour les études supérieures, toujours gratuites, de nombreuses facultés et grandes écoles de toutes spécialités occupent chaque grande ville. Les élèves sont logés, nourris, blanchis et leurs trajets pour rentrer en famille sont pris en charge par le parti. Des voyages à l'étranger afin de parfaire leur savoir sont également offerts aux meilleurs élèves. Leurs destinations seront l'Argentine, la Colombie, le Vénézuela et la Russie.
Les artistes musicaux ont eux aussi, pour les meilleurs, plus de facilités pour voyager dans presque tous les pays, exepté aux U.S.A bien entendu.

Les sorties du territoire.

Ne sont pas interdites ! Le plus simple, vous venez de le lire est d'être un bon élève ou artiste ou bien encore sportif de haut niveau. Néanmoins, cela ne fait pas tout. Ces personnes, étroitement encadrées durant tout leur séjour, auront plus de facilités à partir si la famille est bien vue par le parti, si elle a contribué il y a 55 ans à la révolution, si elle s'est fait remarquer positivement depuis ect....
Pour le commun des mortels, une sortie revient presque au même que de faire une demande alors qu'un membre de sa famille s'est enfuit précédemment ou n'est pas revenu d'un séjour éducatif, artistique ou sportif. Pour les marié(es) à un(e) étranger(e), il faudra que ce dernier fasse plusieurs aller/retour à Cuba avant de prétendre obtenir une autorisation d'un mois seulement. Il faudra aussi qu'il ouvre un compte bancaire bloqué, créditeur de 6000€...Mais rien n'est interdit n'est-ce pas ?


En bref :

L'embargo des Américains a été levé il y a plus de dix ans...
Cette nation et ses ressortissants sont considérés par le parti comme le diable en personne. Pas un journal télévisé ne manque de citer en exemple des agressions verbales ou provocations répétées dont Cuba ferait l'objet. Seuls les commentaires des journalistes sont audibles, il n'est pas possible d'entendre la voix du Président Obama par exemple.
Il existe deux chaines d'info, une chaine loisir proposant des concerts live, films, dessins animés, une chaine culturelle type arte pour jeunes et une chaine de cours d'école primaire ( peut-être secondaire ?)
Tous les cubains que nous avons rencontrés possèdent un téléviseur, y compris parmi les plus pauvres !
Aucun vol direct n'existe entre Cuba et les U.S.A. Les visiteurs américains doivent passer par le Canada. Leur passeport ne sera pas tamponné par les autorités cubaines. Dès leur arrivée, ils sont pris en charge et emmenés à leur hotel sans avoir la possibilité d'en sortir, sauf en faisant partie d'un groupe accompagné d'un guide, et toujours en car, dont ils ne sortent que pour les visites de musées, usines, écoles... Les magasins de souvenirs sont à l'hotel.
Des plages leur sont réservées... Le message est très clair, AUCUN contact avec la population.

La marina où se trouve Free-mouss est innaccessible aux autochtones et il nous est interdit de les recevoir à bord.
Les évasions vers l'Eldorado n'ont pas diminué, bien au contraire.
Contrairement à la République Dominicaine où le vouvoiement n'existe pour ainsi dire pas, les hommes à Cuba l'utilisent dès qu'ils s'adressent à une personne plus âgée ou d'un rang social leur parraissant plus élevé. En cas de doute, le vouvoiement domine, sans jamais vexer l'autre s'il y a erreur. Un étranger, à moins d'être considéré comme un membre de la famille, sera par définition vouvoyé. Je serai très flatté lorsque des «proches » me tutoieront enfin.
Paradoxalement les femmes tutoient très facilement et agrémentent leurs phrases interrogatives de familiarités peu communes chez nous. Sans l' intention de séduire, qu'elles connaissent ou pas leur interlocuteur, vous entendrez régulièrement «  Mi amor, mi corazon, mi hermanito....( mon amour, mon cœur pour les enfants, mon petit frère...) Egalement avec les autorités policières !
Enfin, les Cubains aiment leur pays et certains restent tout de même tout à fait en accord avec le parti. La propagande fonctionne...

 Santiago est Santiago avec l'effort de tous NOUS VAINCRONS !


 Fidel avec son frère qui prend la suite du pouvoir, " Rebelle hier, accueillant aujourd'hui, héroique toujours !


 Au milieu à droite, Camillo, l'homme de l'avant garde


 La police n'est jamais loin....
La patrie avant tout
" l'unité signifie partager le combat, les risques, les sacrifices,les objectifs, concepts et stratégie et aboutir grâce au débat et les analyses"   !!!!!

  usages et coutumes cubains

1 commentaire:

  1. Là, c'est un vrai reportage, au plus près de tous les éléments de la vie des Cubains. C'est à archiver dans nos mémoires.
    Merci beaucoup, et bonne traversée à vous trois.
    Robert

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